L'USAP a achevé sa campagne en Challenge Cup par une 4e défaite en 4 matchs sur le terrain de Bristol. Mais cela se termine par une note positive tout de même : un certain nombre de jeunes joueurs ont montré de belles choses. Se pose donc la question de l'intérêt de cette compétition pour les espoirs qui la jouent : est-ce un tremplin pour ces espoirs qui découvrent le rugby professionel ? Analyse dans cet article :
1) Comparaison du temps de jeu par compétition
Depuis 2016 et la prise de fonction d'Arlettaz et Freshwater, les joueurs formés au club représentent 38.8% des feuilles de match (environ 9/23) et 35.7% des minutes de jeu.
Mais comme vous pouvez le voir sur les images ci-dessus, il existe une certaine disparité entre les compétitions et sans surprise la Challenge Cup a le plus haut pourcentage. Cela s'explique très certainement au fait qu'il n'y a aucun enjeu et c'est donc plus facile de faire des "tests" grandeur nature, le championnat espoirs n'étant pas toujours représentatif du niveau réel des joueurs. Cela donne quasiment 12 joueurs par match et quasi la majorité du temps de jeu !
Mais pourquoi il y a un écart entre la Pro D2 et Top 14 ? Pareil ici, l'enjeu est beaucoup plus important en Top 14, surtout quand on joue le maintien. Alors qu'en Pro D2 même quand on joue les premières places, le championnat est relativement long et l'on peut se permettre de faire des impasses (on se souvient de matchs à Rouen, Nevers, Montauban où le staff avait lancé un grand nombre de joueurs).
On peut noter plus globalement que depuis l'arrivée de Gérald Bastide, qui était formateur au pôle Marcoussis, le temps de jeu des joueurs formés à l'USAP a augmenté, ce n'est certainement pas un hasard, lui qui a vu passer pas mal de nos Usapistes au centre national.
2) Joueurs lancés depuis 2016
Un total de 52 joueurs ont été lancés depuis 2016 par les entraineurs Catalans et on peut voir encore une fois, comme pour le temps de jeu que les joueurs sont plutôt mis dans le grand bain en Challenge Cup et en Pro D2. En revanche en Top 14, aucun joueur a fait ses débuts en 2018/19 et seulement 2 en 2021/2022, 2 cette saison. Et ils n'ont pas beaucoup été utilisés par la suite (Seguela 4 matchs).
En revanche dans la division inférieure, la majorité a commencé. Et dans l'effectif actuel, les joueurs de la maison les plus "capés" sont dans ce cas pour la plupart : on peut prendre l'exemple des Dubois, Lotrian, Velarte encore jeunes et déjà avec plus de 50 "sélections" sous la tunique azur ou sang et or. Sans oublier le plus capé des débutants dans l'ère Arlettaz-Perry, Sadek Deghmache avec 135 matchs à son actif !
Mais penchons nous sur la compétition qui nous intéresse pour répondre à la question initiale : même s'il y a une moyenne supérieure à un joueur par match, un seul avait été aligné pour la 1ère fois lors de la saison 2018/2019 malgré 6 matchs : Matteo Rodor, toujours dans l'effectif et avec 61 matchs à seulement 23 ans. Est-ce grâce à ses débuts en Challenge Cup ou grâce la descente Pro D2 et le vide laissé au poste d'ouvreur où il sera repositionné ? Il jouera grâce à ça 21 matchs, marquera 2 essais et délivrera 7 passes décisives.
Difficile de savoir pour les 15 autres joueurs lancés entre cette saison et la précédente, d'autant que 4 sont déjà partis du club : Berguet (Vannes), Montagne (Narbonne), Darrelatour (Carcassonne) et M'Foudi (Espoirs Clermont). Cependant, on peut déjà voir que Montgaillard commence à percer et grappiller du temps de jeu avec 13 rencontres disputées dont plusieurs en Top 14 ! Mais est-ce une surprise pour ceux qui le suivent depuis longtemps et avec ses sélections avec France U20 ?
3) Les espoirs pas assez au niveau du Top 14 ?
Si les espoirs ont régulièrement joué en Challenge Cup, il n'en est pas de même en Top 14 comme vu plus haut. Mais pourtant les résultats sont excellents en jeunes : Champions de France 2017, Premiers du groupe en 2020 avant l'interruption, Finalistes 2021, Demi-finalistes 2022 !
Le staff ne leur fait pas assez confiance ? Ou les joueurs n'arrivent pas au plus haut-niveau ? Certainement un peu des deux ? En tout cas quand on analyse en détail les compositions des deux dernières finales, on peut remarquer que :
- 4 joueurs champions en 2017 à peine jouent encore en Top 14 ! Et Deghmache est l'unique encore au club. Les cadres comme Séguy, Reynaud, Lucas ont moins de 40 matchs, un faible nombre quand on se souvient des performances réalisées avec les espoirs.
- 12 champions ne sont même plus dans le monde professionnel, 2 sont à la retraite et 1 est passé au XIII
- Pour 2021 et la défaite face au Stade Toulousain, il y a seulement 2 saisons, 15 sont déjà partis du club ... 8 en Nationale 1 ou plus bas.
- Seul Victor Montgaillard a dépassé les 10 matchs en Pro et semble avoir une possiblité de s'installer durablement.
Il n'y a donc pas forcément de corrélation entre les superbes performances réalisées par ces équipes et les joueurs qui la composent ...
Conclusion
Ce staff depuis qu'il est arrivé, fait jouer régulièrement des joueurs formés au club, cela a toujours fait la force du club, mais il n'est pas ou plus capable de garder ses meilleurs éléments (départ de Walcker et Roussel en 2021, Jaminet en 2022, Lotrian à suivre ?) et semble frileux à faire jouer ses espoirs en Top 14 et utilise donc la Challenge Cup pour les tester face à une meilleure adversité que le Championnat Espoirs. Mais sur les 15 jeunes qui ont connu leur baptême du feu sur les deux dernières saisons combien feront carrière à l'USAP et/ou au plus haut niveau ? Compliqué de le savoir maintenant ! Mais les 4 matchs face aux britanniques permettent d'être optimistes pour certains d'entre eux, on leur souhaite !
Visca USAP, Visca el Rugbi Català !